AUTISME [angl. autism, all. Autismus, esp. autismol.


Dérinition-Historique : Le mot autisme a été utilisé par Bleuler en 1911 pour désigner une des atteintes des fonctions complexes, celle du rapport avec la réalité, qui résultent de l'action des fonctions élémentaires altérées et forment avec elles les symptômes fondamentaux propres au groupe de psychoses schizophréniques* : « L'autisme est analogue à ce que Freud nomme autoérotisme. L'autisme exprime le côté positif de ce que Janet nomme négativement perte de sens de la réalité... Le sens de la réalité ne fait pas entièrement défaut au schizophrène. Il ne lui manque que pour certaines choses qui sont en contradiction avec ses complexes ». Havelock Ellis avait, dès 1898, parlé d'auto-érotisme à propos des phénomènes d'émotion sexuelle spontanée produits en l'absence de tout stimulus externe dont la forme extrême avec tendance à s'absorber dans l'admiration de soi-même comme dans le mythe de Narcisse en constitue une perversion*. Freud lui définissait l'autoérotisme par l'objet de la pulsion qui se satisfait ici du corps propre, alors que dans le narcissisme

(1915) l'objet de la libido est le Moi en tant qu'image unifiée du corps. Abraham a fait de l'autoérotisme un des stades de l'organisation de la libido, celui dit oral précoce, auquel correspond la régression libidinale de la psychose maniaco-dépressive. Mais autisme va s'éloigner du sens premier sous l'influence dEugène Bleuler qui l'emploie dès 1919 sous sa forme adjectivale « autistique » pour désigner une forme de pensée existant en dehors des psychoses schizophréniques qu'il qualifie ensuite de déréistique pour éviter la confusion qu'il avait lui-même provoquée. Manfred Bleuler considère en 1972 que l'autisme tel que l'avait défini à l'origine son père, constitue le symptôme central des schizophrénies, le seul commun à toutes les formes qui rend inutile la distinction entre symptômes primaires et secondaires.

En 1943, Kanner publie « Autistic disturbance of affective contact » où il décrit ce qu'il dénomme « Early infantile autism ». Il situe précisément ce syndrome selon la conception bleulérienne : ce qui est autistique c'est la perte du contact avec la réalité en un point, celui de l'affectivité. La référence au symptôme central des psychoses schizo


Bibliographie : SELVINI M. - L'anoressia mentale. Feltrinelli, Milan, 1963. Compte rendu Ey H., Evol. Psych., 1965, XXX, 1-177.


Autisme


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phréniques de l'adulte est progressivement oubliée et autisme désigne de nos jours une forme de psychose infantile, le syndrome de Kanner correspondant à la description clinique faite par celui-ci mais tenue pour distincte des schizophrénies infantiles. En 1952 Margaret Malher décrit, en se basant sur la psychopathologie, la psychose symbiotique. Par la


suite sont identifiés les syndromes autistiques associés à des signes neurologiques.


INSERM : Une rubrique .8 Autisme infantile et autres formes de psychose infantile précoce figure dans la catégorie 02. Schizophrénies chroniques où existe aussi une rubrique .7 Schizophrénie chronique, forme de l'enfant dans laquelle doivent être classées les psychoses chroniques de l'enfant %urvenant à la phase de latence. La distinction paraît donc se faire sur l'Age de survenue ou le caractère p~récoce, voire précocissisme des troubles.


CIM 9 : Une rubrique 299 Psychoses spécifiques de l'enfance qui concerne, les psychoses qui débutent avant la puberté est divisée en quatre clitégories : .0 Autisme infantile. Psychose infantile et syndrome de Kanner %Ont donnés pour synonymes. La définition donnée est centrée sur la description de l'atteinte du langage considérée comme une application tic la fonction symbolique au sens de la Piaget. .1 Psychose désintégrative c%t définie comme un « Trouble dans lequel un développement normal Ou subnormal des premières années est suivi de la perte des aptitudes %ociales et du langage, ainsi que par un trouble grave de l'affectivité, titi comportement et des relations... Cet état peut être consécutif à une lé%ion cérébrale évidente - telle que l'encéphalie morbilleuse - mais il peut apparaître en dehors de toute affection ou lésion cérébrale connue ». (Un code supplémentaire est utilisé pour identifier le trouble neurologique associé). Syndrome de Heller est donné comme synonyme. 8 Autres correspond aux psychoses infantiles atypiques. .9 Sans précision à lit Schizophrénie forme de l'enfance, distinguée de la schizophrénie forme adulte, survenant au cours de l'enfance (295.0 - 295.8).


CIM-Proj. rév. : Une nouvelle rubrique est proposée Troubles invasifs did développement F 85 : « groupe de troubles caractérisés par des deliciences qualitatives dans les interactions sociales et dans les différentes formes de communication, et par un éventail restreint, stéréotypé et 9épétitif des intérêts et des activités. Ces anomalies qualitatives constituent lit caractéristique générale de l'individu en toute circonstance ». Il est prévu que soit codé séparément toute affection médicale associée et le ictard mental. Trois rubriques sont proposées : .0 Autisme infantile

1 Autisme atypique; .2 Trouble désintégratif de l'enfance.


1 ).S. M. III : La catégorie diagnostique Troubles de la première et deuxième etilànce ou de l'adolescence comprend une sous-catégorie Troubles globaux dis développement caractérisés par des « déviations du développement de


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Automatisme mental


nombreuses fonctions psychologiques fondamentales impliquées dans l'acquisition des aptitudes sociales et du langage ». Le terme de « psychose » n'est pas utilisé ici pour dénommer ce groupe d'états car ces troubles ont apparemment peu de rapport avec les troubles psychotiques de l'adulte.

Ces troubles globaux diffèrent des troubles spécifiques du développement sur deux points : il existe une atteinte de multiples fonctions et non d'une fonction spécifique et il s'agit non d'un retard mais d'une déviation du développement. Cette sous-catégorie est divisée selon l'âge de début des troubles en : 299.Ox Autisme infantile début avant l'âge de 30 mois. La question de la relation entre cette catégorie et la schizophrénie est effectivement abordée pour dire qu'elle est controversée. L'existence d'une schizophrénie survenant dans l'enfance est admise. Plusieurs affections somatiques sont citées parmi les facteurs prédisposants. 299.9x Le trouble global du développement débutant dans l'enfance se développant après l'âge de 30 mois et avant 12 ans. Pour ces deux troubles le 51 chiffre du code permet d'indiquer s'il est actuellement présent 0, ou résiduel 1. Il existe une rubrique 299.8x Trouble global atypique du développement. Par contre la « Psychose désintégrative » ne figure pas dans cette catégorie car pour cette classification dans e cas doit être porté le diagnostic de Démence.


D.S.M. III-R : Les troubles globaux du développement ont été regroupés avec le retard mental et les Troubles spécifiques du développement pour constituer une catégorie nouvelle Troubles du développement. La distinction entre l'Autisme infantile et le Trouble global du développement débutant dans l'enfance basé sur l'âge a été reconnue non valide. Aussi ces deux catégories ont été fondues en une seule le Trouble autistique 299.00. Les critères ont été révisés dans le sens d'une extension pour constituer une plus riche description clinique du trouble aux différents âges.

Bibliographie : STROM~GME E. - Autism. Eur. J. Psychiat., 1987, 1, 2, 4554.


Dernière mise à jour : dimanche 4 mars 2001 0:24:10
Dr Jean-Michel Thurin