Psychotropes : la Dépakine peut-elle avoir un effet épigénétique ?
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Date: January 23, 2017 10:48AM
Mediscoop, Le Journal du Dimanche 23/01/2017
« Nouveaux soupçons sur la Dépakine »
C’est ce que titre Le Journal du Dimanche, qui indique que « l’antiépileptique, dont la dangerosité a déjà été démontrée pour le fœtus, ferait courir de graves risques aux jeunes enfants en modifiant l’expression de certains gènes ».
Le journal observe ainsi que « le Pr Philippe Even, coauteur d’un best-seller iconoclaste sur les médicaments, porte à nouveau l’estocade contre les autorités de santé. Il vient de plonger dans le dossier de la Dépakine, cet antiépileptique très efficace mais qui peut causer malformations ou retard intellectuel chez l’enfant en cas de prise par la mère durant la grossesse ».
L’hebdomadaire explique qu’« en fouillant sur les moteurs de recherche spécialisés, le Pr Even a réalisé que le valproate de sodium […] pouvait modifier l’expression de certains gènes. La lecture de ces quelque 200 articles scientifiques permet d’entrevoir pourquoi cette molécule donne une très grande diversité d’effets nocifs, particulièrement délétères quand ils surviennent chez un être en construction. En clair, le médecin alerte sur un risque épigénétique qui serait resté hors des écrans de contrôle des autorités ».
Le Journal du Dimanche relève que « les biologistes moléculaires français Sébastien Chateauvieux et Franck Morceau, qui travaillent au Luxembourg pour la fondation Recherche Cancer et Sang au Laboratoire de Biologie moléculaire et cellulaire du cancer, ont étudié pendant plusieurs années la toxicité du valproate sur les cellules ».
« Leurs investigations ont pour point de départ une découverte faite en 2001 à Philadelphie : la Dépakine, vendue depuis 1967 en France, n’a pas seulement une action sur les neurones, c’est aussi un inhibiteur d’enzymes très importantes pour la régulation de l’expression des gènes (inhibiteur des HDAC) », souligne le journal.
Franck Morceau remarque : « Je m’y suis intéressé, comme beaucoup d’autres, avec l’idée d’applications possibles en cancérologie mais au lieu de mettre en évidence des effets positifs, mes expériences en laboratoire ont montré, par exemple, que ce produit inhibait la production des globules rouges ».
Le journal précise qu’« au total, la surexpression de plus d’un millier de gènes avec le valproate a été mise en évidence ». Sébastien Chateauvieux indique pour sa part que « le fait qu’une molécule qui modifie, en bien ou en mal, l’expression des gènes puisse perturber le développement embryonnaire, extrêmement précis, équilibré, coule de source ».
« Le développement du corps et du cerveau ne s’arrête pas à la naissance. Prescrire une molécule qui a pour rôle de modifier l’expression génique implique forcément un risque grave », ajoute le chercheur.
Le Journal du Dimanche relève en outre que « théoriquement évident pour des chercheurs de laboratoire, ce risque épigénétique, non mentionné sur la notice du médicament, est mal connu des médecins », mais note que « Stéphane Auvin, neuropédiatre à l’hôpital Robert-Debré à Paris, appelle à la plus grande prudence avant de tirer des conclusions dramatiques de publications scientifiques ».
Le médecin déclare ainsi que « le valproate peut modifier l’épigénétique mais on ne sait pas si c’est dans un sens positif ou négatif. Un article suggère que cet effet favorise l’apprentissage de la reconnaissance de notes de musique ! On a plutôt tendance à se méfier d’effets négatifs sur les apprentissages, et en particulier sur l’attention ».
Le journal note que « le Pr Auvin martèle que la Dépakine est malheureusement le seul médicament efficace pour certains patients », le praticien soulignant que « ses effets secondaires possibles sont bien connus et devraient sans cesse être traqués par les prescripteurs ».
De son côté, Hubert Journel, généticien à l’hôpital de Vannes, qui « collabore à la mise en place d’un projet de recherche sur ce sujet », remarque : « Oui, il y a une potentialité épigénétique en lien avec le médicament mais ses répercussions possibles demeurent mystérieuses. Les modifications qui peuvent être apportées par l’épigénétique pendant la grossesse ont des conséquences disparates. […] La question est : comment met-on tout cela en équation ? ».