Psychotropes
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Date: February 15, 2016 11:24AM
« Anxiété : pas de hausse des médicaments en France en 2015 »
Le Point, Mediscoop 15/02/2016
Le Point relate « une surprise », relevant qu’« après une année 2015 particulièrement angoissante pour les Français (attentats, chômage, crise des migrants, tensions politiques, sociales et communautaires, etc.), on pouvait s'attendre à une augmentation de la consommation des médicaments prescrits contre les troubles anxieux. Il n'en est rien ! ».
Le magazine indique en effet que « la Cnamts a transmis ses statistiques sur les médicaments remboursés traitant l'anxiété. En 2015, le nombre de boîtes de benzodiazépines anxiolytiques […] a diminué par rapport à 2014, précisément 702.999 boîtes en moins. Soit 48.974.172 en 2015, contre 49.677.171 en 2014, ce qui équivaut à une baisse de 1,42% ».
Le Point ajoute que « le nombre de boîtes de benzodiazépines hypnotiques […] remboursées en 2015 en comparaison de l'année précédente a lui aussi diminué : 219.935 boîtes en moins (6.511.693 en 2015, contre 6.731.628 en 2014), soit une baisse de 3,26%. Seuls les antidépresseurs inhibiteurs de recapture de la sérotonine, ainsi que la Venlafaxine, ont été légèrement plus prescrits et consommés puisque le nombre de boîtes remboursées a progressé de 222.718 unités (33.660.173 en 2015, contre 33.437.455 en 2014), soit plus 0,67% ».
L’hebdomadaire souligne que « ces résultats portent sur l'ensemble des produits, princeps et génériques, appartenant aux trois classes thérapeutiques classiquement indiquées dans le traitement médicamenteux des troubles anxieux. Il manque toutefois deux molécules hypnotiques très utilisées (zolpidem et zopiclone), qui ne sont pas de vraies benzodiazépines mais des analogues ».
Le Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil et président de l'Association française des troubles anxieux et de la dépression, réagit, observant que « la diminution de la consommation des benzodiazépines anxiolytiques se confirme entre 2014 et 2015, et surtout par rapport aux années passées. J'ai retrouvé des données relativement comparables qui indiquaient des ventes de 68,9 millions de boîtes en 1997 et 76,5 millions en 1991 ».
« Il demeure encore beaucoup d'utilisateurs de ces molécules, environ 10 millions de personnes, mais, grâce à l'information sur les risques et à quelques alternatives nouvelles, cette population est en baisse », poursuit le spécialiste.
Le Point remarque enfin qu’« on aurait pu penser que la gravité des événements survenus en France en 2015 participerait à l'accroissement du nombre de personnes souffrant d'anxiété pathologique. Il n'en est rien, au vu de ces données nationales portant sur l'une des deux solutions de prise en charge de ces troubles, la voie médicamenteuse ».
« Est-ce à dire que l'autre option, celle des psychothérapies, s'y serait substituée et cacherait un nombre croissant de nouveaux anxieux ? Rien ne permet de l'affirmer », précise le magazine.
Le Pr Pelissolo indique ainsi que « ce n'est pas parce qu'une population encaisse des traumatismes répétés que ses membres deviennent automatiquement et maladivement anxieux. Il existe heureusement des phénomènes de compensation : l'adaptation de l'humain à son environnement, la solidarité de groupe, la résilience, la résistance individuelle et collective, et bien d'autres mécanismes encore ».