Re: Addictions : La codéine désormais seulement sur ordonnance
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Date: July 13, 2017 02:29PM
Mediscoop 13 juillet 2017
« La codéine sans ordonnance, c'est fini »
Le Parisien annonce « la fin d’une dérive qui a déjà causé la mort de deux jeunes et en a intoxiqué gravement une quinzaine d’autres en France depuis le début de l’année ». Le journal indique qu’« hier, […] la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé que les médicaments à base de codéine et d’autres dérivés de l’opium seront désormais uniquement vendus sur ordonnance ».
« Cet arrêté ministériel, effectif dès demain, vise à mettre un terme au détournement de ces antidouleurs et antitussifs comme drogue », explique le quotidien.
Le Parisien souligne en effet que « de plus en plus d’ados défilent au comptoir des pharmacies en quête de Codoliprane, Klipal, à 2-3 € la boîte pour leur «maman malade». En réalité, ils avalent ces antalgiques, en quête d’une sensation de défonce et d’un ralentissement du rythme cardiaque. Une partie de cette codéine est transformée en morphine par le foie ».
Le journal rappelle que « Pauline, 16 ans, dépendante de ces cachets, est décédée le 2 mai. Sa maman, Christelle Cebo, qui ne connaissait pas son addiction, avait alors lancé une pétition, recueillant près de 50.000 signatures pour encadrer leur commercialisation ».
Le Parisien indique que « Christelle Cebo veut maintenant aller plus loin. Elle demande la mise en place d’un dossier pharmaceutique qui permettrait de suivre les achats de chaque patient. Du côté des pharmaciens, Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’Ordre, accueille favorablement la décision de la ministre, et parle d’«une mesure de santé publique pour protéger nos jeunes» ».
Le quotidien note enfin que « pour les patients, privés de ces antidouleurs efficaces, l’ANSM et l’Ordre des pharmaciens expliquaient hier réfléchir à des alternatives ».
De son côté, Le Figaro titre : « Codéine : la drogue des ados désormais uniquement sur prescription ». Le journal note lui aussi que « les médicaments à base de codéine ne pourront plus être délivré que sur prescription, a annoncé […] le ministère de la Santé. Ce dernier souhaite «mettre un terme à des pratiques addictives dangereuses et potentiellement mortelles» liées à l’usage détourné de ces produits ».
Le Figaro explique ainsi : « Purple Drank, lean, sizzurp… Toutes ces appellations recouvrent la dernière mixture consommée par les adolescents pour faire la fête : de la codéine, un antalgique opiacé, de la prométhazine, un antihistaminique et du soda ».
Jean-Pierre Couteron, président de Fédération addiction, précise que « ce mélange leur procure une euphorie “confortable”, ils n’ont pas l’impression d’être défoncés de façon majeure et cela leur semble moins violent que l’ivresse. […] Ceux que je vois en consultation sont des lycéens. Ils n’en prennent pas à toutes les fêtes, mais 2 ou 3 fois par mois, ce qui est déjà beaucoup à cet âge ».
Le journal souligne que « cette nouvelle mode est loin d’être anodine : elle est responsable de 5 cas d’intoxication graves de mineurs en France depuis le début de l’année. Deux d’entre eux sont morts. Car on l’oublie, mais la codéine, médicament qui dans l’esprit des jeunes peut paraître moins préjudiciable que l’alcool, est un opiacé ».
« Le risque de surdose et de dépression respiratoire est bien réel. Il est surtout imprévisible. En effet, de 6% à 8% de la population transforme plus rapidement la codéine en morphine que la majorité des personnes. Pour une même quantité absorbée, les jeunes qui appartiennent à la catégorie des «métaboliseurs ultrarapides» vont se mettre en danger sans le savoir. Outre le risque de surdose, la consommation de codéine peut aussi entraîner une accoutumance », continue Le Figaro.
Le quotidien ajoute : « Impossible d’évaluer l’ampleur de la consommation car les études sont quasi inexistantes. Mais sur le terrain, les pharmaciens observent une demande croissante ».
Le Pr Nicolas Authier, président de la commission des stupéfiants de l’ANSM, remarque pour sa part : « C’est une solution imparfaite car elle risque de priver une partie de la population de médicaments utiles dans la prise en charge des douleurs aiguës. Mais pouvons-nous accepter un nouveau décès d’adolescent causé par un médicament ? ».