Addictions: L'alcool, un problème de santé publique minimisé
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Date: March 15, 2018 02:15PM
Mediscoop/ Le Figaro 13 mars 2018
Le Figaro observe qu’« après la récente polémique sur les dangers du vin, les spécialistes regrettent un manque d’information sur les risques liés à la consommation d’alcool ».
Le journal explique ainsi : « «Le vin est un alcool comme un autre.» En prononçant cette évidence, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a lancé une bombe incendiaire sur la place publique. Immédiatement, plusieurs membres du gouvernement et non des moindres sont montés au créneau pour défendre le vin : un patrimoine culturel, une tradition, une identité nationale. Le président de la République lui-même, au Salon de l’agriculture, a souligné que le véritable fléau n’était pas le vin, mais le «binge-drinking» des jeunes qui se saoulent avec des alcools forts ou de la bière ».
Le Figaro relève que « cette levée de boucliers a aussitôt provoqué les contre-feux des professionnels de la santé qui […] ont rappelé que «du point de vue du foie, le vin, c’est bien de l’alcool». Car que l’on boive un demi de bière (25 cl) à 5°, un verre de vin (10 cl) à 12° ou un verre de whisky (3 cl) à 40°, la quantité d’éthanol ingurgitée est la même ».
« Et, en termes de toxicité, c’est bien l’éthanol le responsable, et non pas le breuvage dans lequel on le trouve ! Or le vin représente 58% de la consommation d’alcool en France, comme le rappelait la Cour des comptes en 2016 », poursuit le quotidien.
Le Figaro rappelle que « d’un point de vue scientifique, les faits sont là, indiscutables : l’alcool demeure un problème de santé publique majeur. «Une étude française de 2015 a démontré que l’alcool était la première cause d’hospitalisation», martèle le Pr Mickael Naassila, président de la Société française d’alcoologie. Un risque sanitaire qui ne concernerait pas uniquement les 2 millions de personnes dépendantes ou les 5 millions ayant une consommation trop élevée. Toute consommation d’alcool comporte un risque ».
« Une récente étude américaine a ainsi démontré que la consommation d’un verre d’alcool par jour augmentait le risque de cancer du sein de 10% ! Une étude française suggère quant à elle qu’un risque de surmortalité apparaît avec des consommations de 1 à 1,5 verre par jour », continue le journal.
Le Dr Alain Braillon, médecin à l’unité d’alcoologie au CHU d’Amiens, ajoute : « Nous devons également rappeler les méfaits de l’alcoolisme passif. L’alcool rend violent et il est à l’origine de violences domestiques mais aussi de viols et d’accidents de la route. Sans oublier le cas des mères qui consomment de l’alcool sans savoir que leur grossesse a débuté, entraînant des syndromes d’alcoolisation fœtale, première cause de retard mental évitable ».
Le Pr Naassila précise : « Ce que nous voulons, c’est informer le public. Après, chacun est libre de faire comme bon lui semble. Mais nous ne sommes pas entendus. L’aspect scientifique est systématiquement occulté et dès que nous parlons médecine, on oppose les hygiénistes, nous, aux épicuriens, ceux qui savent boire ».
Le Figaro s’interroge : « Les médecins pourront-ils faire entendre leurs arguments ? Car au-delà des lobbys des alcooliers, c’est un état d’esprit très français qu’ils doivent faire évoluer ». Le Pr Michel Lejoyeux, addictologue à l’hôpital Bichat (Paris), remarque ainsi que « lors d’une soirée en France, vous aurez toujours plus à vous justifier de ne pas boire que de trop boire ».
Date de publication : 13 mars 2018