Éthique : Réformes de bioéthique, le rôle de la médecine en question
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Date: June 26, 2019 12:42PM
Revue de presse Mediscoop / La Croix 26 juin 2019
La Croix revient sur « le projet de loi gouvernemental de révision des lois de bioéthique [qui] prévoit d’étendre l’accès de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules ».
Le journal observe que « la perspective d’une extension de la PMA ainsi que celle de l’autorisation pour toutes les femmes de préserver leurs ovocytes pour différer leur projet d’enfant fait resurgir le débat sur la mission des médecins ».
Le quotidien remarque ainsi : « Face à l’extension des demandes qui lui sont faites, la médecine s’éloigne-t-elle peu à peu de son rôle initial de soigner des maladies ? Certains, en particulier parmi les opposants à la réforme de bioéthique, le pensent franchement ».
Le Dr Bertrand Galichon, urgentiste et président du Centre catholique des médecins français, déclare : « Nous passons peu à peu d’une médecine réparatrice à une médecine amélioratrice, du curatif à l’augmentation. [...] Le débat sur la PMA vulgarise cette vision selon laquelle la médecine doit nous améliorer ».
La Croix note qu’« en septembre dernier, lorsque l’Ordre des médecins avait pris position sur l’extension de la PMA, il récusait toute sortie de leur rôle ». Le Dr Jean-Marie Faroudja, alors président de la section éthique et déontologie du Conseil national de l’Ordre, avait indiqué : « Le rôle des médecins est d’apaiser les souffrances, qu’elles soient physiques ou psychologiques. Or, le désir d’enfant est une souffrance et le médecin est là pour l’entendre ».
Le quotidien observe qu’« en réalité, il faut replacer ce débat dans un cadre plus historique, puisque l’élargissement de la notion de «santé» est relativement ancien ». Il cite le jésuite Bruno Saintôt, directeur du centre d’éthique biomédicale du Centre Sèvres, qui rappelle que « le passage d’une médecine centrée sur la maladie à une médecine centrée sur la santé a commencé progressivement au XIXe siècle, avec le mouvement hygiéniste ».
« Un mouvement qui aboutit en 1946 à une nouvelle définition, par l’OMS, de la notion de «santé» décrite alors comme «un état de complet bien-être physique, mental et social ne consistant pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité» », continue le journal.
La Croix cite en outre Frédéric Worms, membre du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) et professeur de philosophie à l’École normale supérieure, selon qui « la réponse à une pathologie n’est pas un bon critère pour évaluer une pratique médicale ».
Le philosophe déclare : « Si l’on faisait cela, on pourrait accepter par exemple qu’une femme privée d’utérus recoure à une GPA. C’est pourquoi il faut se servir d’autres critères pour savoir si une technique est éthique, comme la non-malfaisance. Et de ce point de vue, la GPA n’est pas acceptable car elle nuit à une autre femme ».
Il ajoute que « dans les faits, il n’est pas si facile que cela de distinguer ce qui est pathologique et ce qui ne l’est pas. Lorsque les couples hétérosexuels recourent à la PMA, ils le font car ils sont, certes, face à un dysfonctionnement organique, mais ils ne sont pas malades pour autant ».
Le quotidien note qu’« il s’élève absolument contre l’idée selon laquelle nous serions sur «une pente qui entraînerait la médecine en dehors du champ thérapeutique» ».