Recherche : Baclofène : crise ouverte entre les médecins et les autorités
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root (IP Logged)
Date: July 20, 2017 12:29PM
Mediscoop 20/07/2017
Baclofène : crise ouverte entre les médecins et les autorités »
Anne Jouan constate dans Le Figaro que « depuis quelques jours, entre les médecins prescripteurs de baclofène et l’Agence du médicament (ANSM), les relations sont tendues ».
La journaliste rappelle que « le baclofène est initialement prescrit pour lutter contre les spasmes musculaires de certaines maladies neurologiques et il est par ailleurs efficace pour réduire la consommation d’alcool. Mais il ne bénéficie pas d’une autorisation de mise sur le marché pour cette indication ».
« Depuis le 14 mars 2014, l’ANSM lui a donné une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Ainsi les médecins peuvent-ils le prescrire à leurs patients alcooliques. En mars dernier, le laboratoire français Ethypharm a fait une demande de commercialisation dans l’alcoolodépendance », poursuit-elle.
Anne Jouan explique que « la situation se noue après la parution, le 3 juillet, d’une étude médicale. Cette dernière stipule que «l’utilisation du baclofène est associée à un risque accru, augmentant avec la dose, d’hospitalisation et de décès par rapport aux traitements des problèmes d’alcool avec autorisation de mise sur le marché» ».
« L’Agence du médicament décide donc de réduire la dose autorisée de 300 mg à 80 mg alors que les malades alcooliques prennent plutôt 150-180 mg. Cette décision marque le début de la fronde des psychiatres et addictologues contre l’ANSM », indique la journaliste.
Elle relève ainsi que « le 12 juillet, Francis Abramovici, Xavier Aknine, Claude Magnin, généralistes libéraux, Bernard Granger, psychiatre à Cochin, et Paul Kiritze-Topor, généraliste ancien président de la Société française d’alcoologie, adressent une lettre ouverte à Dominique Martin, directeur général de l’ANSM ».
« Ils expliquent ne pas comprendre que les auteurs de l’étude ne soient pas connus. Alors que la transparence est de mise notamment en matière de sécurité sanitaire, comment est-il concevable qu’une étude dite scientifique ne soit pas signée ? », observe Anne Jouan.
La journaliste remarque que « tout juste sait-on qu’elle a été réalisée par «le département des études en santé publique de la CNAMTS (Direction de la stratégie, des études et des statistiques), en collaboration avec le pôle épidémiologie de l’ANSM et le CépiDc de l’Inserm». […] Pourquoi écrire une loi et des textes réglementaires sur les conflits d’intérêts quand des autorités de santé ne daignent pas faire signer les études qu’elles commandent ? ».
Anne Jouan évoque un « autre reproche des praticiens prescripteurs de baclofène, la méthode utilisée : selon eux, aucun lien n’a été clairement établi entre les décès et les doses reçues. Mais les auteurs de l’étude n’étant pas connus, Le Figaro n’a pas pu les contacter pour recueillir leur point de vue ».
La journaliste ajoute que « l’affaire se corse avec les échanges aigres-doux entre la direction de l’ANSM et les médecins. Ainsi cet e-mail adressé le 8 juillet par l’un des auteurs de la lettre ouverte au directeur général : «Je trouve inquiétante ta position car elle montre que tu connais insuffisamment le dossier et que tu te fies à une étude qui repose sur des suppositions, des interprétations et de possibles biais, de l’aveu même de ses auteurs» »