Mediscoop / Libération 21/03/2017
« Contention et isolement : la Haute Autorité de santé met des garde-fous »
Libération
Eric Favereau remarque en effet dans Libération que « l'institution publie des recommandations face à la recrudescence de ces deux pratiques, mal encadrées et pas homogènes selon les régions. Elles ne devraient être utilisées, selon elle, qu'en dernier recours et sur prescription d'un médecin, pour une durée limitée ».
« Des recommandations pour le moins délicates, tant la gêne est perceptible sur ces pratiques qui, depuis une dizaine d’années, se sont systématisées, alors qu’elles avaient disparu dans les années 80 », observe le journaliste.
Il relève que « dans l’Ain, au centre psychothérapique de Bourg-en-Bresse, des patients ont été attachés pendant plusieurs mois, dans l’indifférence, comme une habitude de service », et cite un psychiatre de l’hôpital Sainte-Anne (Paris), qui note pour sa part : « Dans certaines situations, cela peut permettre un temps d’arrêt et de répit, mais évidemment, cela doit être prescrit et suivi par un médecin ».
Eric Favereau continue : « Peut-il y avoir de bonnes pratiques ? C’est sur ce chemin de crête que la Haute Autorité de santé s’est installée : essayer de mettre des garde-fous, empêcher la systématisation des pratiques, etc. Première remarque de la HAS, il y a un manque cruel de données ».
Elle souligne ainsi qu’« elles sont rares et aucun suivi n’existe jusqu’à présent. Il semble que le recours à l’isolement et la contention soit en recrudescence, avec des situations inégales d’une région à l’autre, d’un établissement à l’autre, voire d’un service à l’autre ».
Le journaliste relève en outre qu’« aucun travail scientifique n’indique que ces mesures extrêmes donnent des résultats ».
Eric Favereau explique que « dans ces recommandations, est donc défini une sorte de cadre », la HAS précisant qu’« il s’agit de prévenir une violence imminente du patient ou répondre à une violence immédiate, avec un risque grave pour l’intégrité du patient ou celle d’autrui ».
L’institution indique que « l’isolement et la contention ne peuvent être envisagés que lorsque des mesures alternatives différenciées, moins restrictives, ont été inefficaces ou inappropriées […] L’isolement ne doit être utilisé qu’en dernier recours, pour une durée limitée, et uniquement de manière adaptée, nécessaire et proportionnée au risque, après une évaluation du patient. Il doit être pleinement justifié par des arguments cliniques ».
Eric Favereau ajoute que « la HAS demande que lors de la mise en place de ces mesures de contrainte, il soit «donné au patient des explications claires concernant les raisons de la mesure et les critères permettant sa levée». Mais surtout, cela doit rester une décision médicale ».
La HAS souligne ainsi que « la mise sous contention mécanique est réalisée sur décision d’un psychiatre […]. Un entretien et un examen médical sont réalisés au moment de la mise sous contention mécanique […]. A l’initiation de la mesure, l’indication est limitée à six heures. Si l’état de santé le nécessite, la décision et la fiche de prescription doivent être renouvelées dans les six heures ».
Le journaliste relève de plus que « la HAS insiste sur les contre-indications : aucune contention ne doit être entreprise «pour punir, infliger des souffrances ou humilier, ou établir une domination. Et surtout, en aucun cas pour résoudre un problème administratif, institutionnel ou organisationnel, ni répondre à la rareté des intervenants ou des professionnels». Ce dernier point est important car bon nombre d’équipes justifient ces mesures d’isolement par un manque de personnel ».
Recommandations de la HAS : [
www.has-sante.fr]
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