Soins psychiatriques : " Psychiatrie, un système sous contention"
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Date: January 09, 2019 03:01PM
Mediscoop/ Libération 9 Janvier 2019
C’est ce que titre Libération, qui constate dans une enquête que « la disparité territoriale en termes de prise en charge des malades et le nombre de postes vacants inquiètent les professionnels », et se penche sur quatre établissements français.
Eric Favereau remarque ainsi qu’« en France, les malades mentaux sont souvent maltraités. Ou plus exactement, c’est la loterie. Le paysage de la psychiatrie publique est en effet comme un puzzle, éclaté, sans cohérence d’ensemble. Certaines zones territoriales - et équipes médicales - arrivent à fonctionner. D’autres se battent ou s’effondrent ».
« Pour le malade, c’est la grande incertitude dans la prise en charge, l’arbitraire parfois. On attache bien plus les patients dans l’Hexagone que dans les pays voisins. Et, depuis 20 ans, les chambres d’isolement se sont multipliées », poursuit le journaliste.
Eric Favereau publie des reportages au Havre, à Lyon, à Plouguernével (Côtes-d’Armor), ou encore à Saint-Etienne avec ses « urgences sous tension ». Le journaliste note que Jean-Claude Mazzini, ex-président de l’Unafam (Union des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) de la Loire, « n’en peut plus, il ne sait plus quoi faire : «Vous vous rendez compte, à Saint-Etienne, on ne prend plus en charge les nouveaux malades mentaux. Ou alors au compte-gouttes» ».
Le journaliste explique qu’« au centre médico-psychologique de la Charité (CMP, lieu névralgique où se tiennent toutes les consultations psy de la ville), il y a des files d’attente de 300 personnes. Et pendant tout l’automne, le lieu a refusé tout nouveau patient ».
Jean-Claude Mazzini souligne ainsi : « Quand on reçoit des familles, on ne sait quoi faire. Notre conseil est d’attendre, c’est terrible, on leur dit d’attendre que la crise vienne et que la crise soit violente. Et quand la crise est là, on leur dit d’aller aux urgences… Mais ce n’est pas une solution adaptée quand on voit l’état de ce service ».
Eric Favereau poursuit : « Les urgences psychiatriques au CHU de Saint-Etienne ? En mars, on s’en souvient, elles ont fait parler d’elles. La contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, publiait alors en urgence des recommandations, dénonçant les traitements inhumains que devaient supporter les malades, attachés pendant des jours dans des couloirs en attendant une hypothétique place dans un lieu d’hospitalisation ».
« Ils étaient mis systématiquement sur un brancard et contentionnés. «On n’a ni la place ni le temps, alors on attache.» Telles étaient les pratiques du service des urgences. La contrôleuse exigeait des changements immédiats, qu’a promis la direction du CHU. Dix mois plus tard, on attend toujours », remarque le journaliste.
Eric Favereau écrit ainsi que « la situation de la psychiatrie publique à Saint-Etienne reste problématique. Depuis plusieurs mois, tous les syndicats, regroupés dans un collectif («Psy Cause»), ont lancé symboliquement une grève illimitée. «Que voulez-vous qu’on fasse ? lâche un infirmier CGT. On se fait injurier par la direction, on nous a intimé l’ordre de ne pas parler à l’extérieur pour ne pas abîmer l’attractivité du CHU. Et le personnel est à bout». Une infirmière FO : «Comme on ne peut plus prendre de nouveaux malades, notre activité va baisser et on va dire que l’on est trop nombreux.» Cercle vicieux, logique désespérante, dialogue limité entre les professionnels de santé mentale et la direction ».
Dans un autre article intitulé « Psychiatrie : des malades délaissés, les syndicats remontés », le journaliste remarque : « L’année 2019, année de tous les dangers pour la psychiatrie française ? Assurément. Le secteur de la psychiatrie publique est mal en point comme jamais. Et les autorités donnent le sentiment de faire juste ce qu’il faut pour que cela n’implose pas complètement ».
Eric Favereau continue : « Malgré une enveloppe de 50 millions d’euros allouée en fin d’année par le ministère de la Santé à la psychiatrie, la situation dans les hôpitaux devient explosive. Au manque de moyens s’ajoute la montée en puissance des neurosciences ».