Mediscoop / Libération, Le Monde 27 novembre 2019

C’est ce que titre Libération, qui remarque : « Que s’est-il passé au centre hospitalier du Rouvray (Seine-Maritime) depuis juin 2018 ? Après 2 mois de conflit, dont 2 semaines de grève de la faim menée par 8 soignants, le personnel hospitalier avait alors obtenu la création de 30 postes. Une victoire dans un contexte budgétaire en baisse constante ».

« Pourtant, lors d’une visite en octobre, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) y a lancé une «procédure d’urgence», pointant de graves dysfonctionnements : «Les locaux d’hospitalisation […] présentent des niveaux d’indignité variés», écrit Adeline Hazan. [...] Les patients sont parfois contraints de chier dans des seaux, entassés dans des chambres doubles ou triples, souvent maintenus en isolement - avec ou sans contention -, alors que ces pratiques devraient rester de dernier recours », note Libération.

Adeline Hazan poursuit : « Des patients isolés sont contraints de respirer l’air vicié par l’odeur de leurs propres excréments. [Ils] doivent revêtir systématiquement le pyjama de l’hôpital, voire […], dans de rares cas, sont laissés nus dans la chambre d’isolement au motif d’un risque suicidaire ».
Le journal note ainsi que « la surveillance médicale est insuffisante. Les adolescents sont hospitalisés avec les adultes, ce qui les expose à des agressions violentes, parfois de nature sexuelle ».

Un infirmier observe quant à lui : « Un an et demi après la grève, la situation est encore plus grave. Des postes ont été créés mais les départs naturels ne sont pas remplacés. Les conditions de travail sont trop dures, c’est devenu tellement insupportable que les gens ne viennent plus bosser. Il y a deux camps : ceux qui sont très en colère et ceux qui sont abattus ».

Libération souligne que « le Rouvray n’est pas le seul hôpital psychiatrique en grande souffrance. Toujours plus de malades pour toujours moins de soignants et de lits : la situation est explosive partout. En avril, Agnès Buzyn a nommé un délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie qui doit faire «un tour de France». En attendant ses préconisations, les malades souffrent. Les soignants aussi ».

Le Monde relaie également ces « «dysfonctionnements extrêmement graves» à l’hôpital psychiatrique du Rouvray ».

Le quotidien indique en effet : « Des conditions d’accueil «indignes», des «dysfonctionnements institutionnels graves, susceptibles de constituer un traitement inhumain et dégradant»… Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) a publié […] des recommandations en urgence relatives à l’hôpital psychiatrique ».

Adeline Hazan, « qui appelle à la mise en place rapide d’un projet médical d’établissement », déclare au journal : « Nous avons trouvé des dysfonctionnements extrêmement graves dans chacun des critères étudiés. Il s’agit moins d’un problème de moyens que d’organisation du travail et de culture d’établissement ».

Le Monde relève que « le constat est particulièrement sévère. […] Le CGLPL alerte aussi bien sur les atteintes à la liberté d’aller et venir que sur les conditions d’hébergement, les pratiques d’isolement, l’information des patients en soins sans consentement que sur la prise en charge de certains enfants hospitalisés. Des constats qui «s’accompagnent de manquements à la déontologie professionnelle et [qui] constituent des violations graves des droits fondamentaux des patients» ».
Le quotidien observe que « d’importantes atteintes à la liberté d’aller et venir – «injustifiables pour les patients en soins libres» – sont […] relevées. Sur 23 unités, 21 sont complètement fermées. Ces restrictions limitent de fait les accès aux activités thérapeutiques ou occupationnelles conduites à l’extérieur des unités ».

Le Monde continue : « De janvier à octobre, 78 mesures de soins libres ont été transformées au cours du séjour en soins sans consentement. Ce nombre élevé est jugé «symptomatique de préoccupations et précautions sécuritaires» ».

« Aucune des procédures encadrant l’isolement et la contention ne paraît correctement respectée. Le registre d’isolement, qui permet la traçabilité de ces mesures, n’a par exemple «pas de fondement fiable et n’est pas exploitable». Les conditions matérielles de l’isolement sont pour leur part jugées «souvent indignes» », poursuit l’article.

Le quotidien indique qu’« estimant dans un communiqué «faire face à une crise majeure qui met en jeu son avenir», le centre hospitalier du Rouvray a assuré, mardi, vouloir «bâtir un plan d’actions à très court terme», certaines actions devant être «inscrites dans le futur projet d’établissement pour une mise en œuvre rapide» ».

Le Monde ajoute que « chez les Blouses noires, le collectif de soignants en lutte depuis mars 2018, les sentiments sont mitigés. «Ce rapport est notre liste de doléances, Mme Hazan reprend point par point tout ce qu’on réclame», souligne d’abord Camille, […] infirmière depuis 15 ans au Rouvray ».

« La soignante se dit en revanche «écœurée» par l’analyse «infâme» faite par la contrôleuse générale sur les causes des dysfonctionnements. «Elle ne dit pas qu’on manque de moyens mais qu’on est mal organisés, elle reprend le vocabulaire du gouvernement», regrette-t-elle, tout en annonçant de nouvelles actions-chocs pour relancer le mouvement de protestation », note le journal.