Psychiatrie: Un portrait de Frank Bellivier
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Date: April 15, 2019 05:44PM
Revue de presse Mediscoop/Libération 12 avril 2019
En psychiatrie, "l'urgence, c'est l'accès aux soins" »
Libération brosse le portrait du Pr Frank Bellivier, « nommé cette semaine délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, [qui] cherche ses marques alors que le secteur est très tendu ».
Le journal parle d’un « poste inédit dont la création souligne la gravité de la situation », relevant que « le tout nouveau psychiatre en chef renvoie l’image d’un homme posé, plutôt discret. Il dit avoir été approché il y a 3 semaines, et reconnaît avoir hésité ».
« Dans un univers psy très tendu, il peut surprendre. On le sent pragmatique, on l’écoute sans qu’il ne produise des effets de manche. Et on le voit détendu alors que bon nombre d’experts évoquent une mission impossible, d’autres estimant même que sa seule fonction va être de servir de fusible à la ministre », continue Libération.
Le quotidien explique ainsi que « le chercheur reconnu et chef du département de psychiatrie du groupe hospitalier Saint-Louis, Lariboisière et Fernand-Widal à Paris, se prépare à sa nouvelle fonction méthodiquement. Et pour la première fois depuis sa nomination, il parle publiquement ».
Le journal s’interroge : « Sa mission, une tâche impossible ? ». Le Pr Bellivier remarque : « Il y a toujours le risque que cela soit un effet d’annonce mais je sens une volonté politique forte. La situation est préoccupante, cela ne date pas d’aujourd’hui. Les patients comme leurs proches en souffrent. La communauté de soignants fait état de difficultés récurrentes. Et il y a une inadéquation persistante entre les besoins et l’offre ».
Libération rappelle notamment que « la France, hier pionnière en matière d’organisation des soins, se doit aujourd’hui de composer avec une diminution trop forte du nombre de lits de psychiatrie générale à l’hôpital : plus de 60% en moins entre 1976 et 2016. Les grèves se multiplient. Les centres médico-psychologiques, lieux de consultations, sont saturés, alors que les besoins augmentent ».
Le Pr Bellivier ajoute que « nous sommes à un moment clé. Les pathologies mentales viennent de passer au-dessus des maladies cardiaques et cancéreuses, en termes de coûts et de handicaps. […] L’urgence, c’est l’accès aux soins. La deuxième urgence, c’est l’amélioration des parcours des malades qui, aujourd’hui, restent trop hachés ».
Le journal demande par ailleurs : « Y aura-t-il au moins de l’argent ? ». Le psychiatre répond : « Il y a de l’argent sur la table, la ministre a été claire. On n’a pas le choix, car nous sommes à un point de rupture, il faudra que cela s’accompagne de moyens, mais il ne s’agit pas que d’injecter de l’argent ».
Libération évoque en outre des « aspects sociétaux », comme les « pratiques de contention et d’isolement qui se développent partout ».
Le Pr Bellivier remarque que « c’est un sujet sensible. La contention ou l’isolement, c’est du soin, cela répond à des pratiques et situations spécifiques. Mais il y a des dérives et j’y serai très attentif. En tout cas, je rencontrerai très rapidement la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté ».