Psychiatrie : En psychiatrie, les internements forcés augmentent "de façon préoccupante
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Date: June 17, 2020 11:19AM
Mediscoop / La Croix 17 juin 2020
C’est ce que titre La Croix, qui indique qu’« un rapport de la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté […] dénonce des atteintes aux droits des patients en établissement spécialisé. Il s’inquiète d’un recours croissant à l’hospitalisation contrainte, par manque d’analyse critique et impératif sécuritaire ».
Le journal relève ainsi qu’« Adeline Hazan rend compte de ses visites dans les établissements et services hospitaliers consacrés à la santé mentale. Après 200 contrôles, le constat est lapidaire : «Aucun de ces établissements n’est totalement exempt d’atteintes aux droits de ses patients» ».
Le quotidien poursuit : « Des entraves à la liberté de circuler, au port obligatoire du pyjama et à la privation de téléphone, la liste est longue. Adeline Hazan émet 67 recommandations, et surtout, réclame une «réforme d’ampleur du système psychiatrique», taclant l’absence «de volonté politique de limiter l’hospitalisation sous contrainte» ».
La Croix souligne que les internements sans consentement « augmentent «de façon préoccupante, atteignant le quart des admissions et représentant 40% d’entre elles dans certains établissements», alerte le rapport. Parmi les 342.000 Français hospitalisés pour «troubles mentaux» en 2016, 80.000 en effet l’ont été contre leur gré ».
Le journal relève ainsi que « malgré ses engagements internationaux […], la France conserve une posture critiquée. La prise en charge française du handicap psychique «tente d’adapter le sujet à la société à la différence des Anglo-Saxons, qui seraient dans une adaptation de la société aux différents sujets», selon le rapport. Ainsi, le trouble à l’ordre public demeure un motif fréquent d’internement, qui peut d’ailleurs être réclamé par le préfet ».
La Croix rappelle qu’« en 2008, un fait divers amorce un véritable tournant sécuritaire dans la psychiatrie. Un schizophrène de l’hôpital de Saint-Égrève, à Grenoble, qui bénéficiait d’une permission de sortie, poignarde à mort un jeune étudiant. Quelques semaines plus tard, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, engage un vaste plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques : entrées contrôlées, dispositif de géolocalisation des patients, de vidéosurveillance également, création d’unités fermées et de chambres d’isolement… ».
Le quotidien remarque qu’« outre une mauvaise orientation des patients, due à un manque d’effectifs, une partie des admissions en psychiatrie traduit essentiellement des préoccupations sécuritaires. On interne sur la seule «présomption de dangerosité», une notion qu’Adeline Hazan juge «contraire aux principes fondamentaux du droit pénal français» et dont elle réclame la suppression ».
La Croix ajoute qu’« Adeline Hazan reproche aux psychiatres d’être peu enclins à l’analyse critique de leurs pratiques : «Ils sont dans leur immense majorité mus par la conviction que «c’est pour le bien du patient»», indique le rapport. «L’insuffisance de la réflexion collective a conduit à l’intériorisation de la contrainte par l’institution hospitalière» ».
« Contrainte qui serait nuisible dans bien des cas, source de crises psychotiques fréquentes et d’une stigmatisation encore plus importante des patients. Ainsi, si l’internement est parfois bien nécessaire, la Contrôleur générale des lieux de privation de liberté réclame un recours plus fréquent aux alternatives en dehors de l’hôpital, à domicile ou dans des centres spécialisés », conclut le journal.
Dans un autre article intitulé « Crise de l’hôpital : les services de psychiatrie à bout de souffle », La Croix observe que « l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) appelle à rejoindre la journée de mobilisation nationale du personnel hospitalier. […] Le manque de moyens des unités hospitalières de psychiatrie est encore plus criant depuis la crise du coronavirus et le confinement ».