Psychiatrie :La santé mentale, parent pauvre du système de soins français
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Date: December 08, 2020 02:47PM
Mediscoop/Le Figaro 8 décembre 2020
Marie-Cécile Renault remarque dans Le Figaro : « Anxiété, sommeil haché, boulimie, dépression, addictions aux écrans, au tabac, à l’alcool… La crise du Covid révèle au grand jour les troubles de santé mentale dont souffrent les Français, trop souvent passés sous silence car jugés tabous et honteux ».
La journaliste note toutefois qu’il s’agit d’une « occasion de tirer la sonnette d’alarme sur la santé mentale, parent pauvre du système tricolore, alors que les maladies psychiques touchent chaque année une personne sur cinq, soit 12 millions de Français, et que seuls 40% à 60% d’entre eux sont pris en charge ».
Elle annonce que « dans une étude très fouillée intitulée «Santé mentale, faire face à la crise», […] l’Institut Montaigne propose une prise en charge innovante des troubles les plus fréquents, légers à modérés, mais qui peuvent être très invalidants ».
Marie-Cécile Renault explique que « le think-tank indépendant plaide pour une approche plus intégrée entre médecine physique et psychiatrie, afin de déstigmatiser, favoriser l’accès aux soins et augmenter la qualité ».
« Car l’enjeu est énorme, non seulement pour le bien-être et la qualité de vie des individus, mais aussi d’un point de vue économique. Avec un total de… 23 milliards d’euros de remboursements (médicaments, soins, arrêts de travail, etc.) chaque année, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie, loin devant le cancer ou les maladies cardiovasculaires », continue la journaliste.
Elle poursuit : « Dénonçant une vision hospitalo-centrée de la psychiatrie qui oublie la médecine de ville, l’Institut Montaigne préconise de laisser les cas lourds aux psychiatres et de s’appuyer davantage sur les médecins généralistes pour les cas légers ».
« Or, aujourd’hui, les médecins de famille manquent de temps pour ces consultations chronophages ainsi que d’outils cliniques simples de dépistage, et surtout n’y sont pas incités financièrement : il n’y a aucun indicateur sur la santé mentale dans la rémunération sur objectif de santé publique (Rosp), alors même que 30% de leur patientèle est concernée », remarque Marie-Cécile Renault.
Elle ajoute : « Et quand bien même le médecin traitant repère les troubles, il se trouve démuni. S’il envoie le patient chez un psychologue, les consultations ne sont pas remboursées. Une barrière financière, reconnaît l’Assurance-maladie, qui expérimente dans quatre départements le remboursement de psychothérapies, sur prescription médicale, pour des troubles légers ».
La journaliste note enfin que « l’Institut Montaigne prône aussi le renforcement du travail en équipe autour du médecin traitant et qu’une infirmière assure la coordination avec le psychiatre de secteur ou le psychologue, veille à la bonne observance des traitements, à ce que le patient revienne, etc. Des pratiques qui ont fait leurs preuves à l’étranger, évitent d’«emboliser» les urgences et font gagner un temps précieux alors qu’un dépistage précoce évite l’aggravation ».