Psychiatrie : « Créons des postes pour éviter le naufrage »
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Date: May 31, 2022 05:08PM
Mediscoop/Le Parisien 31 mai 2022
Le Parisien annonce que « 75 soignants lancent un appel à Élisabeth Borne, la nouvelle Première ministre, intitulé «Créons des postes pour éviter le naufrage !». Si rien n’est fait, disent-ils dans leur tribune que nous dévoilons, «un avenir très sombre nous attend» ».
Le journal indique ainsi que ces « soignants réclament une augmentation des effectifs dans les unités psychiatriques, afin de pouvoir accueillir dignement les patients et exercer dans de bonnes conditions ».
Elsa Mari explique qu’« ils sont psychiatres, internes, psychologues, infirmiers… Et tous lancent un cri d’alerte à la nouvelle Première ministre, Élisabeth Borne, dans une tribune «Créons des postes pour éviter le naufrage !» ».
La journaliste relève que « l’équation ne fonctionne plus. D’un côté, la pandémie de Covid-19 crée un afflux, sans précédent, des malades aux urgences psychiatriques : crises suicidaires, bouffées délirantes, dépressions ». Antoine Pelissolo, psychiatre à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, précise : « Surtout chez les jeunes, sans repères, angoissés par l’avenir. Quand on perd l’espoir, on met beaucoup de temps à le retrouver ».
Le chef de service ajoute que « 15% des lits sont fermés dans les hôpitaux de l’AP-HP, faute d’infirmières ».
Elsa Mari remarque que « ces difficultés ne sont pas nouvelles mais elles s’aggravent, les conséquences sont «dramatiques». Comble de cette tension, un dimanche d’avril, dans un hôpital de région parisienne, 18 patients, tous dans un état très grave, se sont retrouvés à attendre, alors qu’ils devaient être hospitalisés, en urgence. Pour les «accueillir, les rassurer, les surveiller», ce jour-là, seuls un psychiatre et un infirmier étaient là ».
Les signataires écrivent ainsi que « ce débordement des capacités d’accueil se traduit par des heures et des jours d’attente sur un brancard ou une chaise dans un couloir, des fugues, des agitations, voire des bagarres, et forcément des professionnels débordés et épuisés, ne souhaitant qu’une chose : changer de poste, d’hôpital, voire de métier. Quel gâchis ».
Antoine Pelissolo ajoute que « le recours à l’isolement et à la contention est en hausse car les soignants peuvent, parfois, être dépassés par la situation, ce qui ne devrait pas arriver ». « Et face à l’afflux de demandes, les malades, une fois hospitalisés, d’après le psychiatre, sortent plus vite, «résultat, ils rechutent» », continue la journaliste.
Les signataires écrivent en outre : « Alors que nous manquons de candidats, il pourrait paraître illusoire de fixer des objectifs de personnels à la hausse. Mais ne pas afficher de telles ambitions normales ne fait que nourrir la pénurie : les postes ne sont pas attractifs quand les candidats constatent que, de toute façon, ils seront en nombre insuffisant pour soigner correctement. La définition de ratios minimaux de soignants par service est une nécessité vitale, réclamée par tous ceux qui s’inquiètent de l’avenir de nos hôpitaux ».
« La fermeture de services, voire d’hôpitaux, ne peut conduire qu’à des drames humains par absence de soins, avec des conséquences économiques évidentes : chômage, arrêts de travail, complications sociales, etc. Il faut continuer à développer les soins ambulatoires, la prévention des crises et les pratiques orientées vers le rétablissement mais, tant qu’elles sont nécessaires, maintenir des équipes d’hospitalisation en effectifs suffisants pour éviter toute maltraitance », ajoutent-ils.