Revue de presse Mediscoop/La Croix 29 mai 2019

C’est ce que titre La Croix, qui observe que « l’exploitation de bases de données de santé modifie depuis plusieurs années le champ de la recherche médicale et du traitement de certains patients ».

Rodolphe Thiebaut, chercheur spécialiste de santé publique, professeur à l’université de Bordeaux et directeur du laboratoire de l’Inserm de « Statistiques pour la médecine translationnelle », souligne ainsi que « le big data a littéralement transformé la recherche. […] D’une part, les possibilités techniques ont évolué et nous donnent accès à des milliers de données nous permettant de décortiquer tout ce qu'[un] vaccin engendre chez un individu. D’autre part, il est possible de vérifier nos résultats grâce à des bases de données. […] Alors qu’on mettait auparavant 10 ou 15 ans à développer un vaccin, ce temps a été divisé par 3 ».

La Croix relève que « c’est la multiplication de ces initiatives qui a poussé le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) à publier, ce mercredi 29 mai, un avis intitulé «Données massives et santé : Une nouvelle approche des enjeux éthiques» ».

Le quotidien remarque en effet que « ce que l’on appelle parfois les «big data» a déjà un impact considérable dans le champ de la santé. À La Réunion, le Dr Béatrice Gouyon a par exemple mis au point un logiciel d’aide à la prescription destiné aux médecins travaillant avec des nouveau-nés ».

« En 5 ans, 49 services de néonatalogie se sont équipés de « Logipren », qui permet de calculer le dosage personnalisé et quotidien des médicaments et de la nutrition donnés aux enfants, notamment à partir de leur poids et de leur âge. L’entreprise a ainsi constitué une base contenant les données médicales de 50.000 patients », explique La Croix.

Le Dr Gouyon précise que « les informations y sont anonymes. Mais la question qui se pose à nous est de savoir comment valoriser ces données. Si l’on se mettait à vendre ces résultats aux laboratoires, nous serions très mal vus. […] Mais nous étudions la possibilité de valoriser ces données à travers les résultats de chercheurs qui ont travaillé dessus ».

Le journal observe par ailleurs que « les données amassées au fil des années constituent également l’un des enjeux centraux de l’activité de OpenHealth Company, une société qui répertorie les ventes de médicaments faites par 11.000 pharmacies françaises. Des éléments qui permettent de veiller en temps réel sur l’état de santé de la population, mais aussi de prévoir certaines épidémies ».
Le Dr Patrick Guérin, son directeur, précise : « Nous suivons en tout 17 pathologies ou syndromes comme la grippe, la gastro-entérite ou les phénomènes allergiques ».

La Croix note que le « médecin publie toutes les données collectées auprès des pharmacies sur un site public, mais commercialise leur analyse à des clients allant des autorités sanitaires aux laboratoires pharmaceutiques. Il milite pour que les données anonymes de santé soient exploitées ».

Le Dr Guérin déclare ainsi que « tout verrouillage de données se traduit par des retards à la connaissance et des pertes de chance, c’est intolérable ».
David Gruson, membre du comité de direction de la Chaire santé de Sciences-Po Paris et créateur d’Ethik-IA, « un think tank qui élabore des principes éthiques sur l’utilisation de l’intelligence artificielle », remarque quant à lui que « le risque éthique principal serait précisément de ne pas utiliser ces données ».

« Il plaide néanmoins pour l’établissement d’une «garantie humaine», qui permettrait aux médecins de pouvoir garder la main face aux algorithmes de traitement de bases de données », conclut le journal.