Revue de presse Mediscoop/ Le Point 19 juillet 2019
« Comment l'empathie peut soulager la douleur »
Anne Jeanblanc indique dans Le Point que « les mécanismes cérébraux expliquant les bénéfices de la reconnaissance de la souffrance par les soignants ont été identifiés par une équipe Inserm de Lyon ».
Camille Fauchon, chercheur de l'équipe d'intégration centrale de la douleur chez l'homme (NeuroPain) du Centre de recherche en neurosciences de Lyon (Lyon/Saint-Étienne), déclare en effet que « la reconnaissance de la souffrance, l'empathie, peut diminuer la douleur. Tout médecin ou infirmier sait que son comportement peut influencer le ressenti douloureux des patients ».
Anne Jeanblanc indique que le chercheur « vient de réaliser une évaluation scientifique du phénomène. Ses travaux ont été publiés dans Scientific Reports ».
La journaliste relève que « dans un précédent article, le chercheur expliquait que les avancées de l'imagerie médicale (IRM) avaient permis de mieux cerner les mécanismes cérébraux mis en jeu lors de la réponse à la douleur d'autrui. Et de montrer que les mêmes zones cérébrales étaient activées, que l'on souffre ou que l'on voit une personne avoir mal ».
« Il expliquait aussi que d'autres expériences avaient montré qu'il n'était pas nécessaire d'avoir déjà souffert pour ressentir de l'empathie. Et enfin que, logiquement, cette dernière variait en fonction du contexte et de la relation que nous entretenons avec la personne en train de souffrir », note Anne Jeanblanc.
Elle précise que « ce nouveau travail a été mené en deux temps. Le premier a consisté à faire mimer, par des comédiens professionnels et de manière reproductible, le comportement de soignants empathiques ou non, et à tester l'effet sur le ressenti douloureux de volontaires sains ».
Camille Fauchon indique que « les acteurs ont joué des phrases écrites par les psychothérapeutes, selon trois versions : neutre, empathique ou non empathique, avec des mots-clés forts. Ces commentaires étaient enregistrés. Pendant l'expérience, la personne soumise à des stimulations douloureuses calibrées entendait les expérimentateurs parler dans la pièce à côté ».
Anne Jeanblanc ajoute que « les sujets, qui évaluaient leur douleur sur une échelle de 100, étaient soumis à un stimulus d'intensité correspondant à environ 60, soit une douleur déjà bien présente mais supportable. Résultat : les phrases empathiques diminuent la souffrance ressentie d'environ 12% ». Le chercheur observe que « certains médicaments ne font pas mieux ».
La journaliste explique enfin que pour « comprendre comment agissent les différents commentaires des soignants, [...] les sujets ont été installés dans un tunnel d'IRM fonctionnelle, soumis au même stimulus douloureux, et ils entendaient les mêmes commentaires – empathiques, neutres ou non empathiques – dans le casque audio, laissé ouvert «par inadvertance» ».
« Les chercheurs ont observé les réseaux cérébraux dédiés à l'attention, à la mémoire autobiographique, à la conscience de soi, à l'exploration du contexte, etc. », relève la journaliste.
Camille Fauchon souligne que « ces régions donnent tout le relief à la sensation douloureuse en intégrant des dimensions cognitives, émotionnelles ou liées au contexte. [...] Cela confirme qu'en modifiant le contexte par une attitude empathique, on change la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau ».
Anne Jeanblanc note que le chercheur « va désormais étudier la façon dont les adultes décryptent les pleurs des nourrissons ».
C. Fauchon, I. Faillenot, C. Quesada, D. Meunier, F. Chouchou, L. Garcia-Larrea & R. Peyron. Brain activity sustaining the modulation of pain by empathetic comments. Scientific Reportsvolume 9, Article number: 8398 (2019)
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