Coronavirus&Covid-19 : la santé mentale des Français mise à mal
Posted by:
root (IP Logged)
Date: May 14, 2020 02:50PM
Mediscoop / Le Figaro 13 mai 2020
Damien Mascret remarque dans Le Figaro qu’« on ne mesure pas encore l’étendue des ravages que cette pandémie aura eue sur la santé mentale des populations, mais les premières études publiées indiquent qu’elle n’est pas négligeable ».
Le journaliste note ainsi que « des chercheurs d’une douzaine de pays, réunis sous la houlette du Dr Ali Jawaid, de l’Institut de recherche sur le cerveau de l’université de Zurich, en Suisse, ont conduit la première étude internationale sur cet impact », prépubliée sur medRxiv.
Les auteurs écrivent que « de nombreux facteurs liés au Covid-19 peuvent altérer la santé mentale des individus, avec des risques encore plus grands pour ceux qui y sont prédisposés par leur état psychologique ».
Damien Mascret explique qu’« ils ont donc lancé pendant la première quinzaine d’avril, une étude anonyme en ligne. La majeure partie des 12.817 réponses est le fruit de 12 pays : Allemagne, Bosnie-Herzégovine, Canada, Espagne, États-Unis, France, Iran, Italie, Pakistan, Pologne, Suisse, et Turquie ».
« Les auteurs signalent que la majeure partie des réponses provenaient de femmes (72%), de personnes vivant en zone urbaine (82%) et ayant au moins un niveau équivalent au bac (75%). Chaque participant devait répondre à des questionnaires permettant d’évaluer les facteurs de risque et de résilience des troubles psychologiques […], de risque de syndrome de stress post-traumatique […] et de dépression », précise le journaliste.
Il observe que « les chercheurs retrouvent une augmentation des scores témoignant de troubles psychologiques, de stress post-traumatique et de dépression. Ils notent «une proportion alarmante (16%) de participants rapportant des idées suicidaires» ».
Damien Mascret ajoute que « leur analyse détaille aussi les facteurs de risque accrus ou réduits de présenter ces troubles psychologiques. Le fait d’avoir vécu un traumatisme avant 17 ans ou d’avoir des troubles psychologiques préexistants augmente le risque d’idées suicidaires ».
« Elles ont également un risque accru de troubles psychologiques et de dépression, de même que ceux qui ont continué à travailler à distance. Enfin seul le risque de dépression semble augmenté pour ceux qui étaient sans emploi, vivent seuls ou ont des interactions sociales limitées avec leurs familles ou leurs amis », poursuit le journaliste.
Il relève toutefois que « plusieurs caractéristiques ont un effet protecteur sur la santé mentale, dans les trois plans évalués par les chercheurs : être plus âgé, optimiste, positif sur le déroulement de l’épidémie, capable de partager ses préoccupations avec sa famille et ses amis, et être satisfait des actions menées par l’État et son employeur en réponse au Covid-19 ».
Damien Mascret remarque qu’en France, « du 23 au 25 mars 2020, Santé publique France (SPF) a réalisé une première vague d’enquête qui montre une «satisfaction de la vie actuelle» […] en nette baisse, à 66% de la population alors qu’elle était rapportée par 84% de l’échantillon interrogé dans le baromètre SPF de 2017 ».
« Dans le même temps, la proportion de la population qui souffre d’anxiété double entre ces deux périodes, de 13% à 26%. La satisfaction de la vie actuelle se stabilisera autour de 76% dans les vagues d’enquête ultérieures, l’anxiété à 18% », ajoute-t-il.
Le journaliste note que « SPF confirme également une hausse des troubles du sommeil, qui touchaient 66% de la population fin avril contre 49% dans le baromètre 2017. Ajoutons qu’en avril, une personne sur dix fait état d’un climat de violence ou de graves disputes au sein du foyer, et une sur cinq de dépression ».
Damien Mascret conclut que « ce constat inquiétant repose la question de la pertinence de certaines interdictions sévères et scientifiquement peu fondées, tel que l’accès à la nature dont on sait les bienfaits qu’elle peut avoir sur la santé mentale ».