« Des défaillances dans la prise en charge de l’autisme »
Mediscoop / La Croix 25 avril 2016
Pierre Bienvault remarque dans La Croix : « Comment améliorer le diagnostic et la prise en charge des personnes autistes en France ? Cette question importante est au cœur d’un rapport rendu public […] par l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) ».
« Un rapport qui dresse un constat sans concession des nombreuses défaillances qui continuent à exister en France dans l’accueil et le suivi des enfants, des adolescents et des adultes concernés par des troubles envahissants du développement (TED) », observe le journaliste.
Pierre Bienvault souligne en effet que « ce rapport montre que la situation conflictuelle entre les associations de parents et les défenseurs des approches psychanalytiques sont loin d’être apaisées. Et que les recommandations des autorités sanitaires ont du mal à se diffuser de manière large et sereine ».
Le journaliste explique que le document « est consacré aux 26 Centres de ressources autisme (CRA) qui existent en France. Mises en place à partir de 1999, ces structures jouent un rôle essentiel dans l’accueil et le diagnostic des personnes autiste ».
L’Igas relève notamment qu’« une des difficultés majeures vécues par les parents d’enfants autistes concerne l’établissement du diagnostic. (...) La formulation du diagnostic est essentielle car elle répond au besoin des parents de se repérer et de comprendre ».
Pierre Bienvault indique que « le rapport évoque des «délais d’attente qui peuvent atteindre entre 1 et 2 ans». Le rapport dénonce en particulier «le retard pris par la France» en ce qui concerne les autistes adultes «encore moins diagnostiqués que les enfants ou mal diagnostiqués. La prise en charge peut, dès lors, se révéler inadaptée. Il est urgent de se saisir de cette question» ».
« Autre constat : il existe une extrême hétérogénéité des CRA sur le territoire », continue le journaliste, l’Igas indiquant que « certains centres sont composés d’experts de l’autisme reconnus tant par leurs pairs que par les associations d’usagers. À l’autre extrémité, se trouvent des CRA qui sont toujours en construction ».
Pierre Bienvault souligne qu’« il s’agit là d’un enjeu majeur. En effet, le troisième plan autisme (2013-2017) prévoit que ces centres ressources doivent jouer un rôle d’accélérateur dans la diffusion des bonnes pratiques ».
« Or, à l’évidence, c’est encore loin d’être le cas. Pour comprendre le contexte, il convient de rappeler que, pendant longtemps, en France, la prise en charge des enfants autistes a été assurée très largement par des pédopsychiatres très influencés par la psychanalyse », poursuit le journaliste.
Pierre Bienvault rappelle que « 2012 marque un tournant important avec une prise de position forte de la HAS. Cette instance sanitaire a estimé que les approches psychanalytiques étaient «non consensuelles». Et elle a donné la priorité aux approches éducatives et comportementales ».
Le journaliste constate cependant qu’actuellement, « de nombreuses familles ont le sentiment que les professionnels du secteur sanitaire et médico-social font de la résistance et n’appliquent pas les recommandations de la HAS ».
L’Igas remarque en outre que « la plupart des intervenants dans le domaine de l’autisme expriment la volonté d’aborder ces troubles par une approche transdisciplinaire ». « Mais, en pratique, cette volonté se heurte à de nombreux obstacles avec des «rivalités disciplinaires», des «désaccords concernant les choix thérapeutiques» ou des «tensions entre les familles et entre les soignants» », remarque Pierre Bienvault.
L’Igas souligne que « ces conflits représentent un frein à l’élaboration de réponses constructives et la mise en œuvre de plans d’actions partagées entre les acteurs. Ils participent également d’un mouvement plus général de disqualification des professionnels intervenant auprès des personnes autistes, ce qui conduit à une perte de confiance mutuelle ».
Rapport de l'Igas : [
www.igas.gouv.fr]
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