Autisme: des liens avec la prise en charge de l'Alzheimer ?
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Date: October 18, 2017 02:18PM
Revue de presse Neuoscoop 18/10/2017
« Alzheimer et autisme : existe-t-il des liens dans les prises en charge ? »
Sciences et Avenir octobre 2017
Le magazine évoque un colloque (début octobre à Paris, « en partenariat avec Sciences et Avenir ») « sur les liens possibles entre les pathologies d’Alzheimer et de l'autisme » et livre une « interview de la présidente de l'événement, Catherine Bergeret-Amselek », « psychanalyste, membre de la société de psychanalyse freudienne, présidente et coordinatrice scientifique ». « Pourquoi un tel colloque ? », demande le magazine.
« Cette année, j'ai choisi de mettre en perspective ces deux grandes causes de santé publique pour faire avancer la clinique et la recherche dans les deux pathologies. Il s'agit pour nous de faire le pari du sujet, un sujet dont on dit qu'il n'est déjà plus là pour la personne touchée par Alzheimer et qui semble avoir du mal à être complètement là pour les personnes avec autisme. Si l'on peut dire que le jeune autiste a la vie devant lui pour rétablir un développement psycho-affectif bloqué, le sujet Alzheimer a, lui, une grande partie de sa vie derrière lui et on doit lui permettre de se sentir exister à toutes les étapes du développement de sa maladie. L'un a du mal à se construire, tandis que l'autre se déconstruit. Dans les deux perspectives, ce sont les fondations qui sont mises à nu. C'est ce qui nous identifie en tant qu'être humain qui devient apparent », répond Catherine Bergeret-Amselek.
Concernant « les points communs entre ces pathologies », la psychanalyste estime qu’elles demandent toutes deux « des prises en charge plurielles » et que « tout l'art d'une prise en charge transdisciplinaire doit se faire en étant à l'écoute de chaque cas de figure et à l'écoute des familles et des autres approches, avec souplesse et humilité ». « Ce sont deux univers que tout oppose apparemment, et pourtant en dépassant ces différences - et bien que cela n’a jamais été exploré -, il est possible d’établir des liens entre ces pathologies, tant au niveau neurologique que psychologique, comportemental, relationnel et émotionnel », ajoute-t-elle.
« Les intervenants de ce colloque vont tenter de nous décrire les univers singuliers de ces patients qui habitent leur corps autrement. Ils vont nous proposer des pistes concrètes pour établir une relation avec eux. Les deux sont face aux mêmes angoisses violentes de corps dissociés. C’est tout un vécu émotionnel qui est perturbé. Pour eux, aller vite est impossible et c’est l’identité du sujet qui est touchée », poursuit-elle. « Les personnes atteintes par Alzheimer ou par une forme d’autisme nous font sortir du « je pense donc je suis » pour nous emmener vers « je suis là où je ne pense pas » », résume-t-elle.
Concernant les « convergences dans les prises en charge », Catherine Bergeret-Amselek explique que « dans les deux pathologies, le rapport à l’environnement non humain est particulier ». « C’est pourquoi nous consacrerons toute une table ronde animée par le psychiatre et psychanalyste Serge Tisseron sur les thérapies à médiation robotique », note-t-elle.
« Des résultats probants seront ici présentés pour la maladie d'Alzheimer par Anne-Sophie Rigaud, professeure de médecine gériatrique à l’université René-Descartes, qui dirige le département gériatrique de l’hôpital Broca, à Paris », poursuit-elle. Elle évoque également des initiatives prometteuses en « médiation animale » pour des personnes autistes et malades d’Alzheimer.