Mediscoop / Le Figaro 23 juillet 2018

Damien Mascret remarque dans Le Figaro qu’« allonger l'espérance de vie, c'est bien. Indiscutablement. Mais allonger l'espérance de vie en bonne santé, c'est encore mieux ».

Le journaliste explique que « sur cette idée simple est né en avril 2018 le premier «Centre de recherche sur la longévité», à l'Institut Pasteur de Lille. Pour son directeur général, le Pr Patrick Berche, relever le défi du vieillissement en bonne santé implique une mobilisation multidisciplinaire ».
« D'où les passerelles tendues avec le CNRS, l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), l'Inria (Institut national de recherche en sciences du numérique), le Centre anticancéreux Oscar Lambret, les universités et le CHU de Lille », note-t-il.

Le Pr Berche souligne ainsi dans son livre Longévité (Éditions Docis, 2018) : « Certes, l'espérance de vie augmente de 2 à 3 mois par an, mais les effets du vieillissement avec leur cortège de pathologies sont une source de beaucoup de souffrances. À quoi bon vieillir si la vie n'est que peine. En France, à l'âge de 65 ans, on estime que l'espérance de vie est de 20 ans, dont 10 ans en bonne santé et 10 ans en situation de perte d'autonomie et de handicap ».

Damien Mascret relève en outre que « selon la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques […], un homme de 65 ans (en 2015) peut espérer vivre 9 ans et demi sans voir ses activités quotidiennes limitées par sa santé puis encore le même nombre d'année en étant plus ou moins limité (une femme peut espérer respectivement 10 ans et demi et 13 ans dans ces deux situations) ».

Le Pr Berche remarque que « ceci n'est pas inéluctable car on peut fortement améliorer les conditions de vie des personnes âgées. […] En se basant sur le concept de fragilité. Quand on vieillit, autour de 45-50 ans, on passe progressivement de la robustesse à la fragilité. C'est très important de détecter ce passage car l'état de fragilité est discret mais encore réversible, alors que l'on ne revient pas en arrière quand on est dépendant ».

Le journaliste explique que « pour détecter la fragilité, cette baisse des réserves physiologiques qui sera patente en cas d'accident, le Centre de longévité lillois a débuté des bilans personnalisés début avril et devrait en avoir réalisé une centaine d'ici à la fin de l'année ».

Le Pr Berche indique que « pour l'instant, ce sont des personnes qui sont envoyées par les caisses de retraite pour des questions de financement. On veut apprécier l'âge physiologique des gens pour le comparer avec leur âge réel et proposer des coachings individualisés gratuits lorsque des fragilités sont repérées ».
Il ajoute : « On voudrait essaimer dans les Hauts-de-France et proposer des bilans, éventuellement allégés, à d'autres centres de prévention. À l'institut Pasteur, le coût d'un bilan, c'est environ 900 euros mais les gens ne payent rien, essentiellement grâce à un financement de l'Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France ».

Damien Mascret remarque : « Une goutte d'eau lorsque l'on considère le coût de la dépendance. Mais à condition que les gens détectés en état de fragilité soient suffisamment motivés pour prendre les mesures de santé qui s'imposent ».
Le Pr Berche souligne que « c'est ce qu'ont réussi à faire les Scandinaves, ils ne vivent pas plus longtemps mais sont plus longtemps en bonne santé ».

Damien Mascret poursuit : « On sait aujourd'hui que les piliers de la santé sont une alimentation équilibrée, sans tabac et sans alcool, un bon sommeil et une activité physique même modeste y compris aux âges les plus avancés ».

Le journaliste précise enfin en quoi consiste ce « bilan de santé très poussé pour évaluer la fragilité » : « Outre le classique examen clinique, le bilan de fragilité comporte un long questionnaire de santé (médicaments, addictions, etc.), puis évalue les organes sensoriels, notamment la vision et l'audition. […] La force musculaire et la santé osseuse (mesurée par ostéodensitométrie) sont examinées de près étant donné leur rôle dans la fragilité. L'ostéoporose passe souvent inaperçue avant les premières fractures. […] Et la fonte musculaire consécutive à une immobilisation est souvent la porte d'entrée dans la dépendance. Le cerveau est bien sûr l'objet de toutes les attentions. Des tests de cognition et une consultation avec une psychologue sont au programme ».

Le Pr Berche annonce aussi : « Nous voulons mettre au point un indice de fragilité et examiner des paramètres comme, par exemple, la longueur des télomères (indice chromosomique de vieillissement) ou le phénotype des lymphocytes circulant (défenses immunitaires) ».