Meidscoop/Le Parisien 17 octobre 2019. « Les patients qui s'autodiagnostiquent se trompent presque... neuf fois sur dix »

Elsa Mari annonce dans Le Parisien que selon une étude de la start-up indépendante 360 Medics, « qui réunit les connaissances sur les médicaments pour les professionnels de santé », « sur les 300 soignants interrogés, 83% déclarent recevoir souvent des patients qui se sont autodiagnostiqués juste avant leur consultation ».

La journaliste note ainsi que « cette pratique désormais courante semble faire partie de leur quotidien. Sauf que dans 85% des cas, la prédiction de leurs malades est, en général, fausse ».

Le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat des médecins généralistes MG France, indique : « Ils confondent le symptôme et le diagnostic. Ils nous disent : j'ai une bronchite quand ils toussent, une sinusite pour un rhume, une gastro quand ils ont mal au ventre ».

Elsa Mari remarque que « le rapport de l'ignorant-sachant a donc considérablement évolué, complexifié le travail des soignants et il pose parfois problème. Margot Bayart, vice-présidente de MG France, dit souvent aux internes de «ne pas se laisser embarquer par les patients. Pour ne pas se tromper, il faut repartir du symptôme clinique en faisant abstraction du reste» ».

La journaliste s’interroge : « Mais pourquoi le patient s'improvise-t-il docteur ? Internet a rendu accessible, en un clic, l'information scientifique. Sites, forums de discussion… Au moindre symptôme, chacun pianote sur son clavier ».

Le Dr Jean-Paul Hamon, président de la Fédération des médecins de France (FMF), souligne qu’« ils sont bien plus au courant qu'avant. Mais ces sites ne sont pas toujours fiables et favorisent l'anxiété. Ils peuvent être un bon outil comme le pire ».
Le Dr Bayart ajoute que « parfois ils pensent avoir une pathologie grave, il faut alors les rassurer, poursuit Margot Bayart. On est là pour déconstruire les peurs ».

Elsa Mari continue : « À cette ère de l'hyper-communication s'ajoutent les crises sanitaires, les associations de patients devenus des acteurs forts et une plus grande défiance vis-à-vis de la blouse blanche. Le malade est plus exigeant ».

« Mais ce réflexe de l'autodiagnostic montre aussi un plus grand intérêt pour la santé », poursuit la journaliste. Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins, observe ainsi : « On voit bien que les malades essayent de nous orienter pour nous aider et non pour nous court-circuiter. Il n'est pas exclu que parfois ils aient raison ».