Revue de presse Mediscoop/La Croix 2 avril 2019
Annabelle Perrin livre dans La Croix un reportage sur « l’immense rond-point qui sépare Paris d’Aubervilliers », où l’association France terre d’asile et le Samu social de Paris « s’installent tous les jeudis. Coincées entre le périphérique et les barres d’immeubles, les deux organisations tentent de répondre aux besoins primaires des migrants entassés dans les camps du nord-est parisien ».
La journaliste observe : « Infirmière employée depuis 3 mois par le Samu social, Cloé Gautier enfile son gilet bleu et déploie la petite tente blanche qui fait office de centre de soin. À l’intérieur, le matériel est rudimentaire : table en plastique, trousse de premiers secours et ordinateur ».
L’infirmière précise : « Une petite révolution pour créer une base de données et avoir accès aux antécédents des patients déjà passés nous voir ».
Annabelle Perrin note que « pour rendre la consultation plus efficace, elle est accompagnée par un interprète originaire d’Afghanistan. […] En quelques heures, tous deux vont voir défiler des dizaines d’exilés venus ici chercher une solution à leurs maux de gorge, de dos ou de l’âme ».
Cloé Gautier souligne que « ces consultations sont parfois frustrantes. On gère l’urgence, mais il est difficile d’expliquer que les douleurs ressenties peuvent avoir des causes indirectes, notamment le parcours migratoire. Et puis, je ne suis ni psychologue ni médecin ».
Annabelle Perrin rappelle ainsi que « d’après les chiffres du Samu social, 80% des 2043 personnes vues entre avril et décembre 2018 souffriraient d’un syndrome de stress post-traumatique dû à leur traversée. Une dimension pas suffisamment prise en compte par les pouvoirs publics, d’après Cécile Laporte, responsable du pôle migration au Samu social ».
Cette dernière observe : « On sollicite beaucoup les équipes mobiles du Réseau psychiatrie précarité rattachés aux hôpitaux de Paris, qui sont spécialisées dans les troubles psychiatriques causés par l’isolement et la pauvreté. Le problème est qu’ils n’ont pas de structure fixe, alors que certains migrants auraient besoin d’être hospitalisés ».
Annabelle Perrin évoque en outre « le système de «sectorisation» de la psychiatrie, qui oblige les patients à se rendre dans l’hôpital proche de leur lieu d’habitation. Difficile donc d’être admis quand on est à la rue ».
La journaliste continue : « Selon les chiffres du Samu social, 10% des personnes vues en consultation sont considérées comme particulièrement vulnérables du fait de problèmes de santé. Certaines sont orientées vers les services de Permanences d’Accès aux Soins (Pass), qui sont implantées au sein des hôpitaux et restent accessibles aux personnes sans couverture médicale. D’autres sont envoyées aux urgences ou urgences dentaires ».
Voir également : Exilés et soins psychiques [
www.techniques-psychotherapiques.org]