Soins psychiatriques
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Date: April 05, 2016 11:05AM
« Le suivi psychiatrique en prison laisse toujours à désirer »
Mediscoop 5/04/2016 /La Croix
La Croix indique que dans un rapport dévoilé aujourd’hui, l’ONG Human Rights Watch « déplore la prise en charge médicale encore insuffisante des détenus souffrant de troubles psychotiques ».
Le journal note ainsi : « Quel sort réserve-t-on aux détenus souffrant de troubles «psy», qui représentent près du quart de la population carcérale ? [...] Human Rights Watch s’est fait ouvrir les portes de 8 prisons en 2015 ».
Le quotidien explique que « l’organisation a eu carte blanche pour interroger des dizaines de détenus, mais aussi de directeurs de prison, de psychiatres, de surveillants, etc. Son bilan est plutôt sombre ». Izza Leghtas, auteure de l’enquête, souligne en effet : « Nous avons malheureusement constaté que cette population, très vulnérable, ne faisait pas l’objet d’un suivi médical adéquat ».
La Croix évoque le « manque de personnel. Les délais d’attente pour rencontrer un psychiatre se comptent parfois en mois. C’est la critique récurrente des détenus et du personnel d’encadrement. Le directeur de la maison d’arrêt de Nanterre reconnaît ainsi n’avoir que «l’équivalent de 1,5 poste de psychiatre à temps plein»… pour 999 détenus ».
« Autre motif de récrimination : la surconsommation de médicaments. Faute de temps, le corps médical se cantonne souvent à la prescription de neuroleptiques, anxiolytiques et autres somnifères en lieu et place d’un suivi psychologique. Les services du Contrôleur des prisons dénoncent eux aussi un «surdosage médicamenteux» », relève le journal.
Izza Leghtas observe en outre que « certains détenus faisaient l’objet de menaces du seul fait de se rendre en consultation ». La Croix note qu’« une psychiatre raconte notamment que certains détenus renoncent aux soins de peur d’être étiquetés comme «vulnérables» par les caïds qui les forcent ensuite «à faire les mules», c’est-à-dire à faire entrer de la drogue lors des parloirs. Nombre de détenus racontent être régulièrement «rackettés» pour leurs anxiolytiques, un produit très prisé derrière les barreaux ».
Le journal remarque enfin que « ce rapport ferait presque faire oublier les efforts déployés par la pénitentiaire. À tort. Car ils n’ont pas manqué. Ainsi, un plan de lutte contre le suicide a été mis en place en 2009 avec des résultats plutôt probants, grâce notamment à la mise en place des «détenus de soutien» ou l’ouverture de «cellule de protection d’urgence» ».
« L’ouverture régulière de nouvelles unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) est, elle aussi, à saluer. Leur vocation : accueillir les détenus nécessitant des soins psychiatriques. Mais, là encore, le dispositif butte sur le manque de moyens. L’état de santé de certains détenus mériterait un séjour longue durée au sein de ces unités, ce qui est impossible, faute de lits en nombre suffisant », conclut La Croix.