Addictions : Sevrage des psychotropes
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Date: January 16, 2023 11:02AM
Revue de presse Mediscoop / Le Figaro 16 janvier 2023
Anne-Laure Lebrun constate dans Le Figaro qu’« une petite baisse s’amorçait ces dernières années, mais la pandémie de Covid-19 a relancé de plus belle les prescriptions de psychotropes ».
La journaliste relève ainsi : « Anxiété, angoisse, troubles du sommeil… Face à ces souffrances psychiques, «les instaurations d’antidépresseurs (+ 23%), d’anxiolytiques (+ 15%) et d’hypnotiques (+ 26%) pour de nouveaux patients sont en très forte croissance en 2021», notait en mai 2021 le rapport du groupement d’intérêts scientifiques Epi-Phare ».
Anne-Laure Lebrun souligne : « Des médicaments efficaces mais à utiliser avec parcimonie, et qu’il faut savoir arrêter, en raison du risque de dépendance ou de difficultés à l’arrêt. Les benzodiazépines utilisées contre l’anxiété et/ou l’insomnie mais aussi les antidépresseurs sont particulièrement concernés, et le risque est d’autant plus élevé que la prescription est prolongée et les doses importantes. Or, force est de constater que les ordonnances inappropriées sont encore trop nombreuses ».
La journaliste relève que « plus de la moitié des consommateurs de benzodiazépines y sont exposés plus de 2 ans, alors que la durée maximale de prescription recommandée est de 12 semaines pour les anxiolytiques et de 4 semaines pour les hypnotiques. Ces prescriptions inadaptées font le lit de la dépendance. Des études estiment que l’addiction aux benzodiazépines touche 50% à 80% des patients. Celle-ci s’exprime par l’incapacité de s’en passer et la nécessité d’augmenter les doses en raison de l’installation d’une accoutumance ».
« Il est alors très difficile de se sevrer, et lorsque les patients tentent d’interrompre leur traitement, un syndrome de sevrage peut surgir dans les jours qui suivent. Ce syndrome est marqué par le retour de l’anxiété ou des troubles du sommeil, mais aussi par l’apparition de nouveaux symptômes tels que des tremblements involontaires, des douleurs musculaires, des nausées, des céphalées, une photophobie ou des convulsions », continue Anne-Laure Lebrun.
Le D Alexandra Dereux, responsable de l’unité ambulatoire d’addictologie de l’hôpital Fernand-Widal (AP-HP), souligne que « le syndrome de sevrage peut engager le pronostic vital des patients. C’est pour cette raison que l’arrêt doit se faire de manière très progressive ».
La journaliste relève que « l’accompagnement psychologique, et en particulier la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), est également clé dans ce long processus afin d’agir sur l’insomnie chronique et l’anxiété qui ont justifié initialement la prescription. Ce suivi psychologique maximise les chances de réussite du sevrage : environ 80% de patients restent abstinents après une TCC, contre 7% sans aucune intervention et 40% en cas d’intervention brève réalisée par le médecin généraliste ».
Anne-Laure Lebrun note en outre que « s’il est difficile de prédire qui seront les patients concernés, on constate que ceux ayant présenté une relative intolérance au début du traitement sont davantage sujets aux manifestations de sevrage que les autres ».
Le Pr Christophe Lançon, chef du service de santé mentale adulte au CHU de Marseille, ajoute que « plus la demi-vie de l’antidépresseur est courte et plus les symptômes seront prononcés ».