Psychiatrie : "Nos fous aussi maltraités que nos vieux"
Posted by:
root (IP Logged)
Date: March 02, 2022 06:40PM
Mediscoop/ Libération, Le Parisien 1er mars 2022
C’est ce que titre Libération, qui fait savoir que « dans un rapport rendu public ce mardi, la contrôleure générale des lieux de privation de libertés rend compte de la situation inhumaine que vivent les patients dans un centre de santé mentale à Lens »
.
Eric Favereau constate ainsi : « Parfois, les services de psychiatrie sont le théâtre de dérapages effrayants, pires même que ceux dénoncés récemment dans les maisons de retraite. Et heureusement parfois, la contrôleure générale des lieux de privation de liberté s’en inquiète lors de visites impromptues ».
« C’est ce qui vient de se passer, avec le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens (Pas-de-Calais), où à l’issue d’un contrôle effectué le mois dernier, Dominique Simonnot a décidé de saisir la justice et de rendre public le rapport [...] «tant nous avons pu constater un nombre important de dysfonctionnements graves portant atteinte à la dignité des patients et à leurs droits fondamentaux» », relève le journaliste.
Il souligne que « ce rapport est d’autant plus désespérant que la situation n’est pas nouvelle. Elle a déjà été dénoncée par le conseil départemental de santé mentale, mais rien ne semble se passer en dépit de la gravité des accusations. Des patients sont ainsi enfermés, attachés, alors qu’ils sont en hospitalisation libre ».
Eric Favereau note que « la lecture de ce rapport ressemble à une triste liste de griefs à la Prévert. Tout va mal. Au premier jour du contrôle, 56 patients sur 71 étaient en hospitalisation libre. Tous, pourtant, étaient enfermés dans des lieux clos ».
Le journaliste évoque l‘accès aux soins : « Celui-ci est systématiquement défaillant, selon le rapport. «Les patients pris en charge aux urgences du centre hospitalier font parfois l’objet de contention sur des brancards… Au sein des unités, le projet de soins n’est pas défini, les patients n’y sont pas associés, ni les personnes de confiance dont la désignation n’est pas toujours valide en raison du flou des procédures observées.» Au passage, le consentement du patient semble pour le moins superflu ».
Eric Favereau ajoute que « ces pratiques illégales touchent tous les patients, y compris les mineurs. «Adultes et mineurs font l’objet de mesures d’isolement et de contention arbitraires, mises en œuvre dans des conditions indignes.» […] Plus ahurissant, «l’isolement et la contention ne sont pas seulement pratiqués en chambre d’isolement mais indistinctement en chambre hôtelière, de sorte que l’on peut considérer que le centre ne dispose pas de 2 chambres d’isolement mais de 80 chambres d’isolement potentielles» ».
Le journaliste parle d’une « situation dantesque, qui perdure », ou encore relève que « le contrôle du juge des libertés et de la détention est ineffectif. Le patient a rarement accès à son juge. […] Au final, conclut le rapport, «le centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens doit faire l’objet de mesures urgentes». On peut l’espérer, mais comment comprendre le silence des médecins, comme celui de la direction, et plus généralement l’indifférence des autorités de tutelle et de l’Agence régionale de santé ? », s’interroge Eric Favereau.
Le Parisien se penche également sur ce rapport. Le journal retient ainsi : « Mesures d’isolement et de contention abusives, chambres mal chauffées, violation de l’intimité... Le contrôleur général des lieux de privations de liberté réclame des mesures urgentes face aux traitements infligés dans le centre de santé mentale ».
« Il épingle le manque de pilotage global, le non-respect du droit et l’absence de formation du personnel du centre de santé mentale Jean-Baptiste-Pussin à Lens, qui conduisent à des dysfonctionnements «d’une particulière gravité et anciens», portant atteinte aux droits fondamentaux des personnes », explique le quotidien.
Le Parisien indique que « dans un courrier adressé en réponse, le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé son intention de diffuser «une instruction» pour «clarifier les conditions de l’équilibre à trouver entre le risque de fugue du patient et l’importance de la comparution à l’audience». Par ailleurs, il «regrette profondément» qu’une décision de justice de mainlevée d’une mesure d’hospitalisation «n’ait pas été immédiatement mise en application» ».