Psychiatrie : la hausse du nombre de personnes souffrant de troubles dépressifs est «sans précédent» depuis 2017,
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Date: February 14, 2023 07:15PM
Pascale Santi constate dans Le Monde que « la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19, qui dure depuis 3 ans, a eu un fort impact sur la santé mentale de la population. La hausse du nombre de personnes souffrant de troubles dépressifs est «sans précédent» depuis 2017, selon le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) ».
La journaliste souligne ainsi que « 13,3% des personnes âgées de 18 à 75 ans ont connu un épisode dépressif au cours de l’année 2021, une hausse de 36% par rapport à 2017. La hausse est majeure chez les jeunes adultes (18-24 ans), avec 20,8% de cette tranche d’âge touchée en 2021, contre 11,7% quatre ans auparavant, une hausse de près de 80% ; les jeunes femmes sont plus concernées (26,5%) que les jeunes hommes (15,2%) ».
Pascale Santi précise que « ces chiffres sont issus du baromètre de Santé publique France, qui a interrogé 24.514 personnes âgées de 18 à 85 ans par téléphone et en ligne. […] Pour mesurer la dépression, l’agence sanitaire utilise comme instrument de mesure une version courte du questionnaire Composite International Diagnostic Interview, développée par l’OMS, qui sert à définir l’épisode dépressif caractérisé ».
« Celui-ci correspond à l’existence d’un épisode de tristesse ou de perte d’intérêt pendant au moins 2 semaines consécutives, et d’au moins 3 symptômes dits « secondaires » (fatigue, perte ou prise de poids, problème de sommeil, de concentration, idées de mort…), avec un retentissement sur la vie quotidienne. Ces épisodes sont qualifiés de légers, modérés ou sévères », explique la journaliste.
Elle relève que « cette forte prévalence dans la tranche d’âge 18-24 ans, une période-clé, «est en partie liée à des situations de vie – situations professionnelle, familiale et financière – rendues sans doute plus précaires dans le contexte de crise sanitaire», signalent les auteurs ».
Enguerrand du Roscoät, responsable de l’unité santé mentale à SPF, précise : « L’isolement social généré par les confinements, les incertitudes quant aux études et à l’avenir, la précarité mise en lumière lors de la pandémie, et probablement le contexte actuel très anxiogène – crise climatique, guerre, situation économique –, ont pesé fortement sur les plus jeunes ».
Pascale Santi ajoute qu’« avoir des antécédents de troubles mentaux est aussi un facteur de risque ».
Les auteurs indiquent de plus : « Les personnes vivant dans les grandes villes, notamment en Ile-de-France, sont les plus concernées, de même que ceux qui ne sont pas à l’aise financièrement, qui vivent seuls ou en famille monoparentale, qui sont au chômage. […] Le fait d’avoir eu des symptômes du Covid-19, le stress sans précédent causé par l’épidémie, et les mesures de contrôle en découlant semblent être des facteurs majeurs ».
Pascale Santi observe que « ces données vont dans le même sens que de nombreuses études internationales et nationales sur l’état psychique de la population. […] Les professionnels de santé s’inquiètent, d’autant plus que de nombreuses personnes ne consultent pas. Or, l’important, pour mieux prendre soin de soi, est de pouvoir en parler, aux proches, à son médecin, ou de s’informer et surtout d’appeler par exemple le 3114 en cas d’idée suicidaire ».