Psychiatrie : Une semaine dans un hôpital psychiatrique
Posted by:
root (IP Logged)
Date: October 05, 2023 03:10PM
Revue de presse Mediscoop/Le Parisien 5 octobre 2023
Le Parisien indique en effet : « Diagnostics expéditifs, surmédication… En immersion durant une semaine dans un établissement psychiatrique parisien, le journaliste Alexandre Macé-Dubois a constaté les dysfonctionnements du système et raconte son expérience dans un ouvrage » (« A en devenir fou. Dans la peau d’un schizophrène », éditions Phébus).
Zoé Lauwereys explique ainsi que « pendant une semaine, le quotidien d’Alexandre Macé-Dubois a tourné autour de ces « fous ». Tout comme lui, ces patients étaient enfermés dans un hôpital psychiatrique parisien. Mais à la différence de ses camarades d’infortune, le journaliste indépendant de 32 ans s’y était laissé interner en simulant les symptômes d’une maladie mentale pour les besoins d’une enquête ».
« Le jeune journaliste a voulu « emmener le lecteur là où il ne peut pas aller ». Mais Alexandre Macé-Dubois se défend d’avoir voulu mener, tout du moins au début du projet, « une enquête à charge » à l’encontre du système psychiatrique », note Zoé Lauwereys. Il précise dans un entretien : « Je voulais rencontrer ces patients, connaître leurs parcours, leur donner de la visibilité. J’ai dû jouer un rôle mais j’étais au plus proche des patients ».
Alexandre Macé-Dubois indique notamment : « Je m’étais pas mal documenté, lu des ouvrages, regardé des documentaires. J’ai aussi rencontré des schizophrènes. Mais ça n’a finalement pas été très compliqué. J’avais pris rendez-vous chez un spécialiste de la schizophrénie, je pensais qu’il aurait besoin de plusieurs séances pour me diagnostiquer. Je ne pensais pas qu’il allait tomber dans le piège si facilement ».
Le Parisien continue : « Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant votre séjour ? ».
Alexandre Macé-Dubois répond que « globalement, c’est l’ennui qui m’a le plus choqué. On m’a dit qu’une semaine, c’était très court comme séjour, mais une minute paraît deux heures. J’ai eu l’impression de rentrer de six mois de terrain de guerre. On passe nos journées dans une salle avec quatre chaises, une télé qui ne fonctionne pas, un baby-foot sans balle ».
« On attend que le temps passe. On regarde les autres faire les cent pas, certains pieds nus, on se scrute dans le blanc des yeux. On ne voit le psy que deux fois cinq minutes par semaine. Les journées sont rythmées par les repas et la prise de médicaments. C’est une prison », poursuit le journaliste.
Il explique : « Tous ont des pathologies différentes et sont parqués au même endroit. Pour moi on les met à l’écart, on les parque, sans accompagnement réel. On ne veut pas les voir, on les invisibilise un peu plus. On sort dix minutes trois fois par jour dans une cour minuscule, tous habillés dans le pyjama bleu qu’on nous donne à notre arrivée, certains font des exercices de muscu. Ça m’a fait penser à une cour de prison. Et il y a de la résignation dans le regard des gens, de la fatalité. Comment peut-on penser qu’un patient sera soigné après un an dans ces conditions ? ».
Le journal interroge enfin : « Quel bilan tirez-vous de cette expérience ? ».
Alexandre Macé-Dubois déclare que « c’est une catastrophe à bien des égards. Il faut mieux faire. Il ne faut pas opposer psychologie et psychothérapie. Il n’y a pas de psychiatrie sans écoute et sans bienveillance. Je pense que les psychiatres ont envie d’écouter les patients, mais faute de moyen et de temps leur donnent des médicaments qui, pour beaucoup, ne seraient utiles que dans l’urgence.
On met le patient hors d’état de nuire, cela prend moins de temps qu’un suivi personnalisé qui permettrait de comprendre les origines du trouble. Il faut remettre le patient au centre du système ».